Comment votre enfance peut saboter votre réussite professionnelle

Aude Saliner
Aude Saliner

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De quoi avez-vous peur ?

C’est une question que je pose à tous mes clients face à un souhait de changement professionnel.

C’est une question assez simple, mais pour certains clients, y répondre est plus difficile que de résoudre un Rubik’s Cube.

Il y a un an, j’ai travaillé avec un client, appelons-le Thomas, dont l’activité marchait très bien. Cependant, à mesure que sa réussite grandissait, sa satisfaction s’effondrait. Il avait du mal à dormir et restait éveillé la nuit, terrifié à l’idée que tout ce pour quoi il avait travaillé dur puisse disparaître.

Cette peur n’est pas rare. En fait, des études montrent qu’une grande majorité des personnes ayant du succès se sentent comme s’ils étaient coincés sur un tapis roulant, croyant qu’un faux pas pourrait tout leur coûter. Au lieu de profiter des fruits de leur travail, ils sont trop occupés à se soucier de produire plus et de maintenir le statu quo. Thomas se projetait constamment dans le futur, imaginant à quel point ce serait terrible de tomber de la hauteur qu’il avait atteinte et se demandant comment il paierait ses factures s’il perdait des revenus.

Puis j’ai accompagné Pauline (prénom modifié également). Je l’ai coachée alors qu’elle démarrait son entreprise en tant que naturopathe. Son savoir, sa méthode et son instinct étaient bien là, mais elle avait peur. Elle remettait sans cesse en question ses choix, se demandant si elle ne devait pas plutôt chercher un travail plus « stable ».

Pour accompagner leur développement, j’avais besoin d’aider ces deux clients à découvrir ce dont ils avaient vraiment peur, et ce n’était pas une surprise que la racine de leurs peurs soit la même : leur enfance.

Thomas avait grandi avec un père dont la carrière avait connu de vraies montagnes russes. Certains jours, il avait de l’argent. Et d’autres jours, non.

Pauline avait été élevée par une mère célibataire qui avait du mal à joindre les deux bouts et qui parlait fréquemment de l’importance de la stabilité et de l’aspect pratique.

Les psychologues affirment que les schémas et les croyances de la plupart des gens concernant la réussite et l’argent sont en grande partie établis à l’âge de sept ans.

Néanmoins, la plupart des gens ne pensent pas beaucoup à établir, à l’âge adulte, leurs propres définitions de la réussite. C’est pourquoi je les encourage à analyser leur propre vie et leur éducation :

  • à quoi ressemblait les conversations dans votre enfance sur les carrières ?
  • vos parents ont-ils eu des problèmes d’argent ?
  • en avaient-ils beaucoup ?
  • et, plus important encore, à quelles croyances vous à l’âge de 7 ans, avez-vous adhéré ?
  • y adhérez-vous encore aujourd’hui ?

Me poser ces questions est ce qui m’a conduit au travail de coach notamment en accompagnement professionnel, mais cela a pris quelques essais-erreurs.

À quoi ressemblait les conversations dans mon enfance sur les métiers et les carrières ?

Mes parents et la plupart de leurs amis étaient à leurs comptes. Il y avait des mois où l’argent rentrait et d’autres mois, beaucoup moins. Et sur le sujet des métiers, mon père était très anxieux et dès le collège, il m’a fourni des revues pour mûrir mon choix et anticiper le financement de mes études. De l’autre côté, il insistait beaucoup sur l’indépendance financière.

À quelles croyances mon moi de 7 ans a-t-il adhéré ?

Enfant, je ne voulais pas du chaos et à l’incertitude. Et je tenais à l’indépendance sans l’anxiété. Pendant très longtemps, j’ai adhéré à ce système de croyance.
Sans surprise, la quête de sécurité et d’indépendance a dirigé mon 1er choix de carrière. J’ai jeté mon dévolu sur un métier libéral. Pas n’importe lequel : avocate A cette époque, j’étais quasi-assurée de bien gagner ma vie.
J’ai fait tout ce que je devais faire pour y arriver et à l’âge de 24 ans, alors que la plupart de mes copains galéraient dans leurs premiers emplois, je gagnais confortablement ma vie et j’étais propriétaire de mon appartement.

Si la réussite consistait à atteindre les objectifs qu’on s’est fixés, j’avais atteint le mien… Alors pourquoi n’étais-je pas heureuse ? Parce que, tout comme Thomas et Pauline, la réussite que j’ai eu a été inspirée par la peur, pas par la passion. A cette époque, je pensais d’ailleurs que je n’en avais aucune. Et je ne m’étais jamais vraiment demandé ce qu’était la réussite ou le bonheur. Tout ce que je savais, c’était ce que n’était pas censé être… la dépendance et l’insécurité.

Alors, qu’est-ce qui vous alimente ?
Est-ce la peur ou l’inspiration ?
Regarder le carburant que vous mettez dans votre réservoir, c’est une réflexion puissante.

Ces idées vous animent-elles encore aujourd’hui ?

Cette prise de conscience a été un moment fort pour moi, car j’ai dû accepter que ma carrière jusqu’à ce point, était en réaction à la peur.
Ce que je ne voulais pas voir, mais ce qui se passait tout du long, c’est que la carrière que j’étais censée avoir, était celle-là même que je craignais le plus : entrepreneur.
Des amis m’ont dit, avec une régularité croissante, “Tu devrais être coach”. Mais pour moi, cela ressemble à l’incertitude et l’insécurité financière. Cette perspective de métier était imprévisible et aventureuse. Inconsciemment, je vivais en réaction à mes expériences d’enfance, et il était temps pour moi de reprogrammer mes croyances… Plus précisément, celles que je tenais pour vraies sur l’argent, l’entrepreneuriat et la réussite.

En réalisant que je voulais devenir coach — aider les gens à trouver leur objectif et se lancer dans une carrière ou dans l’entrepreneuriat de leurs rêves — j’ai décidé d’arrêter de m’adapter à ce que je pensais que le monde voulait que je sois.

Comme le dit Wayne Dyer : “ne meurs pas avec ta musique encore en toi”.

Afin que vous puissiez atteindre la réussite que vous savez qui est en vous, évaluez et défiez tout ce que vous avez adopté comme vrai dans l’enfance.

Pour la petite fille qui croyait que les montagnes russes signifiaient le chaos,
pour les aspirants coachs qui pensent que le coaching signifie la pauvreté,
pour les employés qui croient qu’ils doivent orienter leur carrière pour s’adapter à la main-d’œuvre, c’est vraiment à vous de décider.

Est-il normal d’avoir quand même peur ?

Oui, c’est tout à fait normal. La peur fait partie de notre voyage dans la vie. Elle nous permet d’être vigilant, mais concrètement, elle n’empêche pas d’agir.

Aude Saliner
Coach Révélatrice de Potentiels Singuliers
audesaliner.com

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Aude Saliner
Aude Saliner

Accompagnement des personnes atypiques (HPI, multipotentielles, hypersensibles) à mieux se connaître, trouver leur voie et prendre leur place